mardi, décembre 21, 2010

Pourquoi collectionner une mémoire anonyme ? (22) : presque rien... et tout à la fois ?



Anonyme
Tirage argentique 6,4 x 9 cm
(Coll. Yannick Vigouroux)




Une nape striée de rayures verticales remplit le cadre, surmontée d'un objet minuscule et dérisoire qui ressemble à un vase, un pichet, qui sait ?...

Une photo « ratée » donc, mais frôlant l'idée d'une abstraction qui serait assumée et des plus radicales... Certes, l'on n'est pas dans l'art contemporain, l'on est face à l'une de ces images d'amateur inabouties mais conservée quand même, l'on ignore pourquoi...

Reste que la radicalité du cadrage et le minimalisme du sujet me séduisent. Du vide et du plein. C'est presque rien... et tout à la fois.

Pourquoi collectionner une mémoire anonyme ? (21 ) : « être né avec une cuillère d'argent dans la bouche »

Anonyme, [homme tenant une cuillère dans sa bouche]

Tirage argentique 4,5 x 6 cm
(coll. Yannick Vigouroux)

 

 

 « Être né avec une cuillère d'argent dans la bouche » : dans ce micro exercice d'équilibriste, l'homme facétieux s'amuse-t-il à illustrer littéralement cette expression ? Il se livre en tout cas à l'une de de ces « récréations  photographiques » (pour paraphraser Clément Chéroux) qui abondent dans la photographie amateure, pour le plus grand plaisir du collectionneur...

dimanche, décembre 19, 2010

Pourquoi collectionner un mémoire anonyme ? (20) : « ça y est, l'oiseau est sorti... »


Anonyme, « ça y est, l'oiseau est sorti... »,
France, années 1950
Tirage argentique 7 x 11,4 cm
(Coll. Yannick Vigouroux)




Au dos du tirage dentelé si caractéristique des années 1950, la famille a inscrit, après avoir posé sur un banc, ce commentaire : « ça y est, le petit oiseau est sorti ! », et les regards hors cadre des protagonistes semblent le confirmer... L'expression ludique et consacrée, si souvent employée aux débuts de la photographie, est ici déclinée, « validée » litéralement dans cette scène pleine de légèreté et de douceur. Qu'elle que soit la pratique, sa finalité, l'humour est rare en photographie... Mais ici le coeur et l'esprit s'envolent, enfin, dans un hors-champ souriant et si réconfortant...

jeudi, décembre 09, 2010

Pourquoi collectionner une mémoire anonyme ? (19) : photographie et néoréalisme



Anonyme, [Sicile, Palerme (?), 22 juillet 1944 ?]
Tirage argentique
(Coll. Yannick Vigouroux)




Cette photographie anonyme, chinée en juin dernier dans une brocante en Sicile, a probablement été réalisée en 1944 lors de la Libération de Palerme par les Américains. Elle est donc contemporaine des débuts de la production personnelle de Roberto Rossellini (en 1943, il travaillait déjà sur Rome, Ville ouverte, film sorti en 1945), l'une des figures de proue du néoréalisme... J'aime beaucoup cette image parce que j'y retrouve le même esthétique spontanée, la même fluidité dans le cadrage et le même réalisme documentaire.

mercredi, décembre 08, 2010

Pourquoi collectionner une mémoire anonyme ? (18) : coucher de soleil à Juan-les-Pins, 1957


Anonyme, 
« Juan-les-Pins, 30 août 1957 »,
tirage argentique 7 x 11,4 cm
(Coll. Yannick Vigouroux)




Lumière crépusculaire, une scène de bords de mer d'une grande douceur, sur la côte d'azur. Un homme et son fils assistent au coucher du soleil. C'est l'heure où le monde s'apaise, se replie sur son silence nocturne, où toute inquiétude semble balayée les vagues et le jour qui reflue...

dimanche, décembre 05, 2010

Pourquoi collectionner une mémoire anonyme ? (17) : le garçon jouant avec un bâton, septembre 1906


Anonyme, "septembre 1906"
Tirage argentique viré 8 x 11,5 cm
(Coll. Yannick Vigouroux)




Une légère plongée, l'adulte qui photographie, et dont on devine l'ombre du visage, est beaucoup plus grand que l'enfant jouant avec une épée ou un bâton, nous tournant le dos. C'est beau et audacieux, en tout cas contraire aux conventions picturales qui prévalaient avant invention de la photographie et la naissance de l'Impressionnisme. La prise de vue, qui date de septembre 1907, (comme cela est inscrit à l'encre en lettres élégament déliées au dos du tirage) évoque beaucoup les parti pris de « cadrage » de peintres nabis tels que Bonnard et Vuillard (qui eux-même pratiquaient beaucoup la photo avec une Box Kodak), et justement, elle est pratiquement contemporaine des activités du groupe (1888-1900).

mercredi, novembre 17, 2010

« POLA-LAND » exposition de mes Polaroids à la galerie Satellite, Paris 10e, 9 novembre - 4 décembre 2010 (la suite)






Exposition des Polaroids de Yannick Vigouroux
à la galerie Satellite, Paris, jusqu'au 4 décembre 2010




« Polaland » : j'ai eu l'idée de ce titre de série en songeant à celui de mon ami Christophe Mauberret, « Voigtland », au sujet de laquelle il a déclaré : " [...] disons que le résultat se juge à l'aune du spatio-temporel. Le grand bénéfice pour moi est de créer un apparentement des images qui désormais font famille. »"

« Polaland », parce que l'inventeur du film instantané Polaroid (http://www.ledevoir.com/culture/182008/la-fin-du-polaroid), fut, en 1948, Edwin H. Land. Et que belle coïncidence (ou prédestination), « Land » signifie en anglais « terre », « pays », « territoire »...

« Polaland » donc : un pays, territoire photographique du procédé Polaroid qui unifierait la vision. J'aime les utopies, le pari aussi de l'image qui fictionne, avant tout, quelle que soit sa qualité (ou sans qualité...). L'idée d'un monde que j' imagine fluide et délavé par des nappes de flou (depuis le début des années 1990, j'ai utilisé exclusivement des Polaroids amateurs dans ma pratique personnelle) brouillé et tramé de brumes mentales (à l'images des photos faites au Diana dans les pays de l'Europe de l'Est par Didier Cholodnicki, la série « De nulle part ») ; aux couleurs saturées aussi, au flash dématérialisant (Cf. mes « Flux de conscience »).

On aurait fait le choix de de ce monde-là, mental, de ne plus vivre et flâner que dans ce monde trouble et troublant où formes et couleurs crépitent, palpitent sourdement.

« Polaland », c'est aussi le titre de l'exposition à laquelle j'ai le plaisir de participer avec trois autres artistes, Ed Lisieski, Esmeralda Soares et Didier Tatard, à l'invitation de Xaxier Martel, à la galerie Satellite (Paris).

Yannick Vigouroux





Commissaire d'exposition : Xavier Martel,
un grand merci à Xavier, ainsi qu'à la galerie Satellite


Une exposition présentée "dans le cadre du Mois de la Photo-OFF".
This show is presented in the framework of the OFF Month of Photography festival.

lundi, octobre 25, 2010

« POLA-LAND » Une exposition de Polaroids à la galerie Satellite, Paris 10e, 9 novembre - 4 décembre 2010




© Esmeralda Soares, Yannick Vigouroux
Ed Lisieski, Didier Tatard





samedi, octobre 09, 2010

« Vues de Paris » (2009) de Ons Abid, des vertus du classicisme (argentique) en photographie...

© Photo Ons Abid, « Paris, 2009 » (Mamiya C -220)



Des photographies argentiques en noir et blanc, avec un appareil 6 x 6 cm (Mamaya C 220) : un matériel on ne peut plus traditionnel, « classique » (ce « classicisme » que revendique, par exemple, Robert Adams dans ses essais, comme son Essai sur le Beau en photogrraphie, 1981,1989). Un langage formel a priori inatendu au regard de ses prises de vues numériques en couleur habituelles, mais à la réflexion, pas tant que cela. Car continuité il y a, à l'évidence.

La photographe tunisienne ne se promène pas en touriste dans le métro ou autour de la Tour-Eiffel, même si elle est à l'évidence fascinée par les monuments de la Ville Lumière, elle en détourne les stéréotypes – Martin Parr qu'elle admire n'est jamais loin ! – avec une surprenante simplicité et virtuosité viuselle. Ainsi, le monument français, l'un des plus photographiés au monde, voit son mouvement assentionnel freiné : sa base comme son sommet peinent à émerger du mur de la place du Trocadéro où se tient la photographe, qui occupe à chaque fois la majorité la surface de l'image...

mercredi, septembre 22, 2010

Ons Abid, de la « Mémoire enfumée » à « Raining Instanbul »



© Photo Ons Abid



Ons Abid se passionne pour la photographie dès l’âge de onze ans. L'adolescente effrayée par l’idée de la mort aborde d'emblée la photographie, ce moyen d'expression qui signifie, ethymologiquement : « écrire avec la lumière », à la manière de Jacques-Henri Lartigue ou de Marcel Proust en littérature, comme le seul rempart possible à ses angoisses.

C'est bien en effet pour elle le moyen idéal de sauver ce qui est périssable : la jeune femme utilise son boîtier certes comme un formidable instrument de témoignage, mais surtout un moyen de sauvegarder la mémoire de ce qui est par nature éphémère, tous ces précieux et fragiles instants vécus, qu'il faut à tout prix préserver.

Rien d'étonnant donc à ce que ses deux premières expositions abordent frontalement la question de l’Identité.




© Photo Ons Abid, « Rainnig Instanbul », 2009



Dans la première exposition, intitulée « Figures de la Médina de Sfax » (2006), l'artiste avait souhaité « rendre hommage à tous ces vieux qui travaillent dans la Médina de Sfax, et qui, frappés de plein fouet par la vague de la migration, ont su résister à ce phénomène de société. »

La même année, avec sa seconde exposition personnelle, « Mémoire enfumée », Ons Abid a rendu hommage à la maison familiale accidentellement incendiée. Une mémoire calcinée, dont il ne subsistait que des résidus (télévision, objets de valeur, photos de famille...) devenus sans valeur, sans qualité, auxquels elle était si attachée pendant son enfance.

Le portrait occupe une place importante dans une pratique qu'elle définit comme « moment plein de partage et d’échange entre le photographe et la personne photographiée ». Il s'agit avant tout de capter cet instant où le sujet et le photographe consentent à cette belle fragilité consentie, où l'un comme l'autre prennent conscience, et acceptent leur force et leur faiblesse.

La force des images réside dans cet avoue visuel, l'évidence de cette intimité mise à nue, après avoir fait tomber les habits de l'image publique, des conventions sociales.

La question de l'Identité qui constitue, depuis le début des années 2000, l’orientation majeure de son travail, conduit de plus en plus Ons Abid à enregistrer et décrypter les codes sociaux d’une société en constante évolution, qu'il s'agisse du Magrehb, de la France ou de la Turquie.

La photographie, si liée à l’idée de la mort, embaume un réel qu'elle ne fait pas qu'enregistrer, mais transfigure, transmets, avec une si précise subjectivité aux générations futures.

Au-delà de sa fonction testimoniale, elle agit sur le présent, le devenir des humains... dans une perspective non dénuée, à la manière de Martin Parr, d'humour voire d'ironie mais toujours teintée de douceur, d'espoir et d'humanité, Ons Abid multiplie les portraits tendres et lucides de ses contemporains, comme autant d'autoportraits. Dans « Raining Instanbul », l'une des séries les plus récentes et les plus emblématiques, le grand angle, la couleur saturée, jouent plus que jamais un rôle important. Une question simple et fondamentale habite à l'évidence ses photos si colorées : à quoi bon photographier les autres... si on ne les aime pas ?

mercredi, août 25, 2010

Bandol - Festival, « HORIZON VERTICAL », 18 septembre-14 novembre 2010

Conception graphique : Caroline T. Bender


jeudi, juillet 22, 2010

En Normandie, Littoralement




Photos Yannick Vigouroux
« Luc-sur-Mer, Normandie, 22 juillet 2010 » (Canon Powershot)



Luc-sur-Mer, 22 juillet 2010, vers 10 h du matin, il fait beau et face à l'estacade, Place des Menteux, les « Taiseux » ragaillardis par les premiers rayons de soleil deviennent loquaces, parlent de casiers remplis de homards et de pêches exceptionnelles réalisées dans le Nord de la France...

Place du Petit-Enfer, un photographe de plage attend ses premiers clients tandis que les peintres amateurs posent leurs tableaux devant leurs cabanes de plage. Les peintures sont réalisées sur place, mais la plage de Luc-sur-Mer est souvent étrangement absente des productions ; l'imagination de l'un des artistes est semble-t-il ailleurs puisque la Forêt de Fontainebleau côtoie la cathédrale de Chartres, les bords de Seine, la Pointe du Raz et les Falaises d'Etretat...

Dans une boutique de souvenirs, un vrai capharnaüm où matériel de pêche, jouets de plage et objets en résine made in China s'entassent avec des productions plus locales comme ces coquillages peints, j'achète l'un d'entre eux, ainsi qu' une carte postale vintage des années 1950 aux bords dentelés : sur la grève, au même emplacement que l'actuelle place des Menteux, la barque « Pourquoi : Pas » cohabite tranquillement avec la « Jacques Eliane », le « Nolys » et le « St-Georges ».

Soixante ans plus tard, la vie tranquille et immuable (même le débarquement du 6 juin 1944 l'a épargnée, au désespoir des élus municipaux, les Alliés dans l'empressement à faire la guerre et progresser dans les terres l'ayant oubliée...) : la vie de la tranquille station balnéaire se met en place, au ralenti, littoralement.

mercredi, juillet 21, 2010

De Stromboli à Paris, ou la fausse fin d'une boucle...


Aller à Stromboli était avant tout un rêve de cinéphile. Depuis la redécouverte récente du film éponyme de Rossellini (dont le titre complet et original est : Stromboli, terra di Dio, 1949 http://www.imdb.com/title/tt0041931/) il y a quelques mois, je caressais le projet de m'y rendre en bateau, et d'y séjourner plusieurs jours. J'éprouvais toutefois une appréhension : la réalité sera-t-elle à la hauteur de celle que j'avais tant fantasmée ?

D'une de mes images faite sur le ferry-boat, l'on m'a écrit qu'elle était « saturée de fiction ». C'est sans doute vrai, et en particulier de néo-réalisme... Même la photo de la jeune femme inconnue (Cf. « Mon histoire de Marie »), avec sa coupe de cheveux très années 1940, achetée sur le marché de Syracuse, évoquerait, selon une autre personne, Ingrid Bergman.

Stromboli, c'était presque un pèlerinage pour moi. Après avoir photographié religieusement à travers le hublot l'étrange champignon de pierre, j'ai débarqué sur l'île avec la même fébrilité que si je débarquais littéralement sur le tournage du film, soixante ans auparavant.

Je songe aujourd'hui, entre autres, aux plages courbes et étroites de sable noir qui ceinturent le volcan. Je songe aussi à cette balade de nuit en bateau avec Francesco (alias « Franky International », propriétaire du B & B), et l'impatience de ce dernier face aux caprices du Stromboli qui se fit désirer de longues minutes avant de cracher ses étincelles et sa lave telluriques, tandis qu'un immense yacht privé surgissait devant notre dérisoire coque de noix (scène « surréaliste » : l'orchestre au deuxième étage jouait du rock et nous tournait le dos, quelques rares personnes glissent sur la piste de danse). Décidément, tout allait me surprendre et me captiver pendant ces deux jours.

Alors que j'écris sur le MacIntosh de mon frère Marc qui réside en ce moment au Ghana, et lis depuis ce matin Au coeur des ténèbres de Joseph Conrad (1899), je pense à toutes ces géographies imaginaires entremêlées, tous ces horizons qui se bousculent : l'Afrique noire que je ne connais pas, tout comme l'Asie où plusieurs amis sont en train de passer l'été, alors que je ne cesse de penser en même temps à l'Italie, la Sicile et la baie de Naples en particulier, et bien sûr la côte normande où je me ressource. Face à l'écran, j'entend la mer et son long bruissement, cliquetis lourd et transparent, comme le battement d'un immense coeur maritime. Tous ces paysages réels et imaginaires (mais n'est-ce pas une seule et même chose ?) se superposent pour ne former qu'une seule masse tremblée, une seule même vague ourlée de tant de nuances complexes et contrastées (à l'image de La Vague de Courbet, peinte en 1869), dans laquelle je me sens irrésistiblement entraîné...

Je prends conscience que c'est justement sur cette côte de Nacre que j'ai réalisé, après celles d'Espagne, mes premières « littoralités », il y a presque quinze ans. Les textes de ce « journal de voyage » n'en sont-ils pas, finalement, l'équivalent linguistiques ? Il y a quelques jours, je notais en effet : « écrire sans penser à l'écriture. Avec les mots, atteindre à la même fluidité, la même aisance et simplicité qu'avec le langage photographique depuis une dizaine d'années, sans réfléchir à la FORME, qui s'asphyxie, et avec elle le contenu, quand elle est (trop) consciente d'elle-même. »

De Stromboli à la Côte de Nacre, d'un rivage à l'autre, des plages de sable noir de l'île volcanique aux plages de sable clair de ma Normandie natale, de la Méditerranée à la Manche, se dérouleraient alors les méandres d'un voyage comparables à ceux du fleuve Niger que je viens de découvrir sur une carte : celui-ci dessine en effet une longue boucle et semble revenir à sa source, pour finalement se jeter plus loin. Tout ce joue peut-être dans ce faux retour à l'origine et ce décalage. Une fin ouverte qui serait le début de quelque chose, comme ce retour si difficile à Paris qui n'aura pas été, à la réflexion, un vrai retour, tant on emporte et laisse de soi-même dans un tel voyage.


Luc-sur-Mer, 20 juillet 2010

mardi, juillet 20, 2010

Les fenêtres intérieures (Milazzo)


Photo Yannick Vigouroux,
« Window # 1953, Hôtel California, Milazzo, juin 2010 »
(Canon Powershot)


La procession religieuse de Milazzo m'avait donc inspiré un vague sentiment d'inquiétude que j'analyserai plus tard comme proche de celui que ressent Ingrid Bergman au volant de sa voiture dans les rues de Naples, dans Le Voyage en Italie (1954), lorsqu'elle doit s'arrêter pour laisser passer un convoi funéraire.

La lumière diffuse, étouffée, entre chien et loup, l'atmosphère émouvante mais aussi pesante de ferveur populaire, l'odeur entêtante d'encens répandue de manière mécanique, la marche obstinée de cette colonne humaine qui ressemblait tant à celle d'une armée de spectres, tout cela contribuait à mon malaise. Mais Milazzo n'était après tout qu'un point d'encrage flottant, très provisoire, avant le départ vers le volcan mythique de Stromboli...

Je décidais d'aller me reposer dans ma chambre d'hôtel. Et c'est là, qu'allongé sur le lit, écoutant avec mon MP 3 la voix grave, éraillée, grésillante de Caruso, l'esprit flottant et le corps relâché, j'ai vécu à nouveau cette expérience de l'image photographique première : après que j'ai refermé en partie les volets, une image désignée par un rectangle lumineux s'imposa sur le mur, autour du miroir aveugle. Les bruits de la ville et de la procession n'étaient plus qu'une rumeur lointaine. Tout sentiment d'angoisse me sembla désamorcé.

lundi, juillet 12, 2010

L'Hôtel California, Milazzo



Photos Yannick Vigouroux,
« Hôtel California, Milazzo, juin 2010 »
(Canon Powershot)


Sur le marché de Syracuse, j'ai acheté le portrait de cette jeune femme. Le tirage est très abîmé, marbré de nombreuses cassures. Il semble que, pour une raison que j'ignore, on lui ait accordé malgré tout une grande valeur puisqu'il a été remonté dans un cadre récent, économique. C'est cela qui est particulièrement émouvant : le caractère cheap et banal de ce cadre contrastant avec ce portrait jauni et abîmé, monté d'urgence dans un écrin sans âme, trop lisse. Et puis le voilà, ce portrait auquel on tenait visiblement tant, abandonné sur cette brocante, désormais anonyme, devenu simple rebus, ne coûtant que deux euros... Je me demandais quelle avait été la vie de cette femme, qui l'avait tant aimé ?

Lorsque je rencontrai quelques jours plus tard la dame âgée qui tenait l'hôtel de Milazzo (l'hôtel California, un nom qu'on n'oublie pas) où je résidais, je m'imaginais qu'il aurait pu s'agir de la même personne. J'appris plus tard, au moment du départ, qu'elle avait travaillé après la Guerre neuf avec son mari en Allemagne (d'où l'inscription sur la façade de l'hôtel : « Man sprecht Deutsch »), qu'elle s'était enfui avec lui pour échapper au travail dans les champs, et... par amour bien sûr. De chaque lieu religieux où elle s'était rendue elle avait ramené une statuette, dont l'incontournable Padre Pio vénéré à Naples et en Sicile, trônant dans l'entrée. Les icônes religieuses sont omniprésentes ici, à l'intérieur des maisons, mais aussi sur les halls d'entrée, dans des niches minuscules aménagées à chaque coin de rue. Les manifestations religieuses aussi – le jour de l'arrivée dans la ville, j'assistais ainsi à une longue procession qui me mit vaguement mal à l'aise : tout le monde était de sortie, jeunes et vieux, valides et handicapés, civils et militaires, religieux, dans un climat de ferveur et une odeur entêtante d'encens. La vieille dame nous confia que quelques jours plus tôt, des inconnus lui avait rendu visite et lui avait dit qu'il n'était pas possible d'entrer chez elle, car sa maison « était habitée par le Diable ». Profitant de son trouble, il lui avait dérobé des statuettes. Avec un joli sourire résigné que je n'oublierai jamais, elle conclut sur un dicton qui me sembla aussi juste et fataliste, mais qu'étant donné mon très bas niveau d'italien, je ne saurais hélas retranscrire...

dimanche, juillet 11, 2010

Les chiens de Sicile


Photos Yannick Vigouroux,
« Naples-Palerme, 2003 » (Holga)


Ils ne montent pas la garde, loin s'en faut, mais dorment, le plus souvent, dans les rues des villes siciliennes. Leurs déplacements sont rares et mesurés. Deux par deux, parfois trois, ils sont souvent âgés, plutôt grands et bien nourris, pas efflanqués du tout, contrairement à ceux que j'ai l'habitude de croiser ailleurs en Méditerranée. J'aime photographier leur toison laineuse, leur abandon animal total du à la chaleur qui a quelque chose de rassurant.




Photo Yannick Vigouroux, « Agrigente, juin 2010 » (Canon Powershot)


Ils sont l'exact contraire du molosse menaçant qui inquiétait tant Peter Handke dans La Leçon de la Sainte-Victoire (1991) ou m'effrayait tant lorsque j'étais enfant à la campagne, en Normandie. Ils m'invitent à une autre lecture du chien errant que photographia Daido Moriyama (« Stray Dog, Misawa, 1971 ») : je le croyais jusqu'à présent l'incarnation d'une menace sourde, primaire, sauvage. Contresens ?...



Contresens ou non, relecture subjective de ma part ?, selon moi : c'est un chien générique désormais, que l'on pourrait caresser sans appréhension, et c'est, au lieu de vous mordre, une énergie postive qu'il pourrait transmettre dans vos mains (et réciproquement) si vous le caressiez, comme je l'ai parfaitement ressenti, pour la première fois de ma vie, dans une ruelle d'Agrigente...

samedi, juillet 03, 2010

Syracuse et Orthygie


Photos Yannick Vigouroux,
« Hôtel Milano, Syracuse, 5 juin 2010 »
(Canon Powershot)



Le balcon de l'Hôtel Milano de Syracuse me plait beaucoup, ce poste d'observation est l'occasion pour moi de poursuivre immédiatement la série des « Pupi » commencée à Palerme. Comme le promettait le guide, il y a bien un réfrigérateur dans la chambre, et une télévision... posée sur celui-ci ! Photo.



Photos Yannick Vigouroux,
« De l'hôtel Milano, Syracuse, 5 juin 2010 »
(Canon Powershot)

Promenade sur le marché d'Orthygie : débauche de couleurs, d'agrumes, de coquillages et de poissons, dont ces immenses thons et espadons que les hommes découpent à la machette... Odeur d'aubergines grillées, j'en achête.

Le soir, après avoir mitraillé les passants avec mon Canon, j'assiste du balcon à une étrange et bruyante exhibition de voitures de sport qui vrombrissent dans notre rue et semblent fasciner les Italiens. Les gens sont venus très nombreux, en famille, assister au spectacle. La TV est allumée et la Raï Uno vrombrit aussi derrière moi, elle diffuse un étrange télé-crochet d'enfants chateurs jugés par des prêtres et des soeurs : le catholicisme est décidément omniprésent ici. Malgré mon goût pour toutes les formes de cultures populaires (y compris les pires), j'avoue préférer les délicates marquetteries de pierre qui recouvrent l'intérieur des églises baroques...




Photo Yannick Vigouroux,
« La jetée d'Orthygie, 6 juin 2010 »
(Canon Powershot)



Le lendemain matin, je photographie cette homme sur la jetée entièrement recouverte de graffiti du port d'Orthygie. Très beau ce monsieur à l'élégance un peu suranné. D'ailleurs je trouve les gens dignes et beaux ici : pauvre ou riche, la tenue de rigueur ici (surtout pour rentrer dans les églises) est la chemise et le pantalon, éventuellement l'été une chemisette ou un tee-shirt. Pudeur vestimentaire citadine qui contraste avec les bermudas et tongues des hordes de touristes allemands et anglo-saxons au teint rougeoyant. Je m'habille comme un Sicilien. Je ne veux pas ressembler à un touriste. Je suis un étranger oui, et cela se voit, mais un étranger qui voyage, et qui, s'il ne balbultie que quelques mots d'Italiens mélangés à du français et de l'anglais (ce qu'Anne-marie surnomme mon « Desesperanto » !), cherche comme d'habitude à se fondre le plus possible dans le décor. C'est vrai que c'est aussi un réflexe de photographe.

lundi, juin 28, 2010

Acireale : le monstrueux cyclope, Aci et Galatée



Photos Yannick Vigouroux,

« Acireale, triptyque sicilien, juin 2010 » (Digital Fisher-Price)



Nous nous dirigeons vers l'est de l'Ile. Pause sur une petite plage près d'Acireale, où je m'amuse avec mon Fisher-Price numérique. Je lis dans mon guide qu'une histoire belle et triste est à l'origine du nom de la ville :
« Aci, beau berger, fils du dieu Pan, aimait Galatée. Mais celle-ci était aimée par le monstrueux cyclope Polyphème qui, un beau jour, ne fit qu'une bouchée de son rival. Alors Galatée décida de faire revivre son bien-aimé dans les eaux pures d'un fleuve, qui coula pendant longtemps près de la ville actuelle d'Acireale, avant de tarir. De tristesse, Galatée appela le nom d'Aci à travers toute la région et les échos se posèrent sur quelques villes qui portèrent son nom (Aci Castello, Acitrezza, etc.). »

Agrigente et la Vallée des Temples




Photos Yannick Vigouroux
« Le Temple de la Concorde, Agrigente, juin 2010 » (Agfa Clack 6x9)



Me voilà à Agrigente : je ne m'attendais à trouver une ville aussi haut perchée, surplombant ainsi la Méditerranée. Nous sommes accueillis très chaleureusement au B& B. Le propriétaire nous offre un café et discute longuement avec nous. La vue de la chambre est magnifique. Belle rencontre.

Le lendemain matin, visite de la Vallée des Temples.

Je retrouve les sensations éprouvées à à Pompéi et Herculanum : le temps et l'espace me semblent fossilisés dans la pierre, j'éprouve une fois de plus un étrange vertige. Le Temple de la Concorde est remarquablement conservé. Comment photographier un tel monument sans tomber dans l'esthétique « carte postale » ? Il existe bien un moyen de biaiser : comme Martin Parr, photographier les touristes avec une distance ironique. Une image dans l'image ? Mais cela me lasse, et je préfère le parti pris de l' « image-sensation », le contraire de l' « image sensationnelle (Serge Tisseron).

dimanche, juin 27, 2010

En Voiture, de Marsala à Trapani

Photo Yannick Vigouroux (Canon Powershot)


Il est l'heure de déjeuner et nous nous arrêtons dans les faubourgs de Marsala. Maisons très pauvres de pêcheurs, difficile de trouver plus frustres. Des bunkers, vestiges de la Seconde Guerre mondiale, qui ressemblent à des igloos incongrus, des cloques oubliées des blessures de l'histoire du fascisme.



Photo Yannick Vigouroux,
« Marsala, Sicile, juin 2010 » (Agfa Click 1, box 6x6)


Dans un buisson de cactus, Jésus qui n'est rien d'autre qu'un santon géant tourne le dos au minuscule port de pêche et fait face aux HLM gris et sales.
En fin d'après-midi, arrivée à Trapani, cette fascinante péninsule portuaire où mouillent d'immenses bateaux. Je découvre que, héritage de la longue occupation arabe, loin des clichés associés à la Sicile, la grande spécialité culinaire locale est le « cuscus » de poisson. J'en commande bien sûr au restaurant mais le serveur m'informe qu'ils n'en ont plus ; je me console avec un taboulé tout aussi inattendu et un délicieux vin blanc local (j'arrache l'étiquette qui représente une jeune femme à la blonde chevelure solaire).

samedi, juin 26, 2010

En voiture (« Le Désert des Tartares »)


Photo Yannick Vigouroux,
« Vers Trapani, Sicile, juin 2010 » (Agfa Clack, box 6x9)


En Sicile comme ailleurs, les plus belles villes de bords de mer sont flanquées de zones industrielles et de complexes chimiques inavouables... ; on l'oublie parfois, chez soi comme à l'étranger, mais en fait il est ineluctable que ces villes aimées vomissent sous nos yeux leurs si sordides et si photogéniques excroissances de ferraille, de béton (mare un peu, de photographier cela, me dis-je en consuisant ne suis-je pas le témoin muet et complice de choses que je désaprouve ?) ...

Mais le littoral blessé, défiguré comme l'humain brisé, dénaturé par la loi du profit aveugle, résiste..., et soudain, j'en ai la preuve, de cette résitance là, de la mienne, des utopies méprisées, du quotidien de l'homme à l'ouvrage : surnaturelle à mes yeux, cette église sur la grève, qui semble surgir de nulle part, improbable comme un décor fabriqué pour les besoins d'un long-métrage !

En voiture, de Palerme à Trapani (1)



Photos Yannick Vigouroux,
« Vers Trapani, Sicile, juin 2010 » (Agfa Click 1, box 6x9)



Je lis les dernières ligne du livre de Pasolini, qui décrit ainsi la dernière station balnéaire italienne de l'Adriatique, avant la frontière yougoslave : « Sur les pauvres voix, la pauvre petite plage, l'orage jette une ombre légère, blanchâtre. Ici finit l'Italie, ici finit l'été. »

Est-ce que moi, aussi, je me dirige vers la fin de quelque chose ? : l'une des extrémités de l'île (Trapani est une péninsule), de moi-même ? Ce « silencieux effondrement », « en moi », et « en dehors de moi », sur l'une ces plages tant rêvées, idéalisées..

En voiture, nous longeons des grèves irréelles, celle de la route du sel et de ses moulins, et je pense aussi à ce vers de Rimbaud qui m'a toujours donné le vertige : « … ce ne peut être que la fin du monde, en avançant ».

L'automobile dévore le bitume, et je me sens heureux d'avaler ainsi des kilomètres, de vivre cette progression mécanique, machinale – je n'ai pas conduit de voiture depuis deux ou trois ans, normalement je n'aime pas conduire, mais cette fois j'aime cela.

lundi, juin 21, 2010

L'hôtel Albergo (2003-2010)



Palerme, 31 mai 2010. Pendant une promenade, nous tombons par hasard sur l'hôtel Albergo où nous avions séjourné en 2003, désormais fermé, qui ressemble, avec ses fenêtres aveugles, à un immeuble fantôme. J'avais alors photographié, à l'aide d'une box 6 x 9, son enseigne rouillée. Avec un peu de nostalgie, je me souviens des heures heureuses passées dans cet hôtel défraîchi, de la TV, du jeu « Passa parola » qui faisait alors fureur sur la Rai 1, qui nous amusait tant. De la nuit tombant sur la place, des disputes fréquentes entre les travelos qui faisaient le trottoir (alors que notre guide annonçait un « hôtel donnant sur une place calme » !). Le bâtiment me semble habité par les fantômes de nous-même, ces fragiles et précieux souvenirs de notre premier voyage en Sicile. C'est une pensée à la fois douce et mélancolique.


Photos Yannick Vigouroux, « Palerme, 2003 /
Port de Mondello, 2003 », de la série « Littoralités » (Box 6 x 9)


Attention aux spectres du passé, ne pas se laisser gagner par la tristesse. Je sens qu'il est temps de commencer notre périple en voiture autour de l'île. J'éprouve une forte envie de photographier le littoral (en 2003 je n'avais photographié que la station balnéaire de Mondello), envie aiguisée par la lecture du livre de Pasolini :

« Je me promène sur la petite plage déserte, au pied du village. Et dans le silence qu'il y a en moi et en dehors de moi, je sens comme un long, un silencieux effondrement. »

Départ demain matin pour la côte Nord-Ouest. Destination : Trapani.

dimanche, juin 20, 2010

Les Puppi siciliani (Mercato di Ballaró, Palermo)


Photo Yannick Vigouroux,
« Marché de la Vucciria, Palerme, juin 2010 »
(Canon Powershot)





Hotel Cortese, Palerme, 30 mai 2010. Levé tôt, dès 7 h 00, je photographie à nouveau du balcon la mise en place du Mercato di Ballaró. Il est bientôt 9 h 00. D'abord quelques passants, quelques scooters klaxoneurs (pléonasme ici...). Des gestes, des personnes qui attendent, se croisent, se rencontrent, se tapent sur l'épaule et s'embrassent, décrivent avec leurs mains des objectifs bien connus d'eux mais invisibles, incompréhensibles pour moi.

Un bourdonnement humain d'abord insignifiant qui s'amplifie lentement et sûrement autour de la ruche du marché. L'on sifflote, l'on s'interpelle, le bruit s'amplifie, la masse se fait plus compacte... l'on s'en que cela va arriver, et... je n'ai pas entendu le signal mais les Palermitains eux l'ont perçu : comme leurs pères et leurs grand-pères avant eux, les corps inertes ou presque il y a quelques minutes, marchant au ralenti, se sont aussitôt transformés en silhouettes pressées, affairées. Abandonnant caddies de supermarchés et autres chariots bricolés pour transporter les denrées, aimantées par le même objectif, ils tirent sur des cordes, hissant un à un les draps bariolés qui protègeront les étals du soleil. Incroyable fourmillement, précision des gestes. L'artère du marché me fait penser à un immense voilier dont l'on aurait soudain hissé les voiles...

C'est une chorégraphie parfaitement rodée qui commence, la même partition répétée chaque jour des mêmes corps en mouvement. J'observe la démarche lente et assurée, chaloupée et précise des passants. Les plus lents, les plus âgés aussi, croisent souvent les mains derrière le dos, inspectent en hommes expérimentés, avisés, le déroulement des opérations (la rondeur et la pesanteur de leurs corps semble le gage de leur autorité), et tout me semble parfaitement rodé... Les pieds, vus en plongée, semblent parfois énormes.

Je multiplie les photos.

Plus tard, dans la journée surgiront les touristes, en particulier entre 14 h 00 et 17 h 00, l'heure sacrée de la sieste où les Palermitains désertent eux la rue, puis, en fin d'après-midi, après l'école, les enfants de Palerme, qui jouent... à s'entretuer avec des fusils et des billes en plastique.

samedi, juin 19, 2010

Des avantages et des inconvénients des petits et grands hôtels (arrivée à Palerme)

Photo Yannick Vigouroux,
« Autoportrait, Hôtel Milano, Syracuse, 5 juin 2010 »
(Canon Powershot)


28 mai 2010, 23 h 00 Hotel Corte, Palermo. Après un long voyage en bus – proche de la station balnéaire de Mondello, l'aéroport de Palerme est très excentré par rapport à la ville – arrivée à notre hôtel qui donne sur une rue bruyante, au coeur du Mercato di Ballaró. Quartier populaire et branché. Les Noirs, les Pakistanais et les étudiants écoutent de la musique techno à fond, en sirotant de la Moretti. Grâce à eux, je retrouverai le lendemain matin, à ma grande surprise, le goût de la photo de rue, qu'il est devenu quasiment impossible de pratiquer à Paris, tant les passants et les forces de l'ordre sont devenus paranoïaques !

Je découvre notre petit balcon, qui ouvre sur une architecture totalement effondrée, où je passerai beaucoup de temps à photographier les minuscules passants du marché qui, écrasés par la plongée, fixés à leurs ombres portées si découpées, me feront penser aux basculos de mon enfance. Je les nommerai « pupi siciliani », sans mépris aucun, mais comme clin d'oeil à cette fascinante tradition sicilienne des marionnettes recouvertes d'armures qui, mêlées à l'art des conteurs, dès le Moyen-Age, narraient les exploits des chevaliers. J'en ai acquis une de petite taille qui est désormais suspendu à ma bibliothèque.

J'aime tant ces hôtels économiques, ces lieux transitoires simples mais confortables où il est si bon de s'abstraire de sa vie... et de se retrouver. Surtout à l'étranger.

Une parenthèse régénérante, toujours, pour moi. Il m'est si agréable de m'abstraire de ma vie... et d'ainsi me retrouver.

Un seul hic à Palerme. Je découvre que les douches et les toilettes sont collectives, ce qui curieusement me gène plus que d'habitude.

Coïncidence amusante, je découvre en relisant Dino Buzzati que cette question l'obsédait. Dans le recueil que m'a prêté Anne-Marie (Nous sommes au regret de... / Siamo spiacenti di, 1975) pas moins de trois textes sont consacrés à cette question !

Dans « Le couloir du grand hôtel » la gêne que j'évoque a des implications aussi démesurées qu'absurdes... A contrario, l'écrivain décrit ailleurs « La maison idéale » : les pièces minuscules sont peu décorées et miniscules, à l'exception des WC qui mesurent au moins 40 mètres carrés, et où règne un « luxe efferéné ». « Il est facile de supporter la misère lorsque l'on peut chier en grand seigneur » conclut Buzatti qui semble n'avoir pas toujours bien vécu la fréquentation des hôtels.

jeudi, juin 17, 2010

Le tour de la Sicile en voiture ou « La longue route de sable »

Photo Yannick Vigouroux,
« Vers Marsala, 6 juin 2010 » (Digital Fisher-Price)


Paris, 28 mai 2010. Départ dans quelques heures d'Orly pour la Sicile. Comme nous avons prévu avec Anne-marie de faire le tour de la Sicile en voiture, j'ai acheté le récit de Pasolini, La lunga strada di sabbia (La longue Route de sable), dont j'aime le titre et le projet (dont je ne connaissais pas jusqu'à ce jour l'existence) : faire le tour de l'Italie en voiture.
Qu'a écrit Pasolini sur ces plages, lui qui trouva, justement, tragiquement la mort sur l'une d'entre elles ?



Photo Yannick Vigouroux, « Palerme, 29 mai 2010 » (Canon Powershot)

Si notre périmètre géographique est plus modeste, il existe une indiscutable proximité d'intention entre les deux projets. Alors que je prendrai des notes et photographierai la côte sicilienne, je lirai ce livre, au début du voyage en tout cas (car le livre est mince).
P. 26 : Avant de poser à nouveau le pied sur l'île (mon dernier voyage remonte à 2003), je lis dans l'avion : « C'est l'Argentario. Purs coups de pinceau, taches de lumière, qui ont la forme de terre et de mer, et une paix de sommeil vivant. »
« une paix de sommeil vivant. », cela résonne en moi de manière encore diffuse, je ne saisis pas encore pleinement la signification et les conséquences de ces mots, mais, et je ne saurais à ce moment là dire exactement pourquoi, il me semble bien que c'est cela que je suis venu chercher en Italie.
Un blog que je viens de découvrir, consacré à ce qu'est devenue la "longue route de sable" :
http://lalongueroutedesable.blogspot.com/

mardi, mai 25, 2010

Festival d'art vidéo, Université de Paris-Est Créteil / IUFM de Créteil, 20 mai au 10 juin 2010




Inauguration le jeudi 20 mai 2010

Amphithéâtre rouge, Centre multidisciplinaire de Créteil
61 avenue du Général de Gaulle, Créteil (métro : ligne 8 Créteil université)

Commissariat et modération : Mathilde Roman et Jean-Marie Baldner
Réalisation technique : Laurent Bastide


Session 1 : 10h30 – 12h00
L’art et la nature, artiste invitée Laëtitia Bourget

L’artiste cherche depuis toujours à rendre sensible la nature, à exprimer ce qui dans son rythme, dans ses cycles, dans sa course renvoie à la temporalité humaine. A une époque où la nature est violentée, la création artistique peut-elle contribuer à prospecter et à réduire les apories du rapport des hommes aux rythmes et aux exigences de la nature ? C’est avec humilité et poésie, mais aussi avec humour et légèreté, que les artistes construisent des récits, créent des situations qui nous renvoient et nous questionnent sur notre relation à la nature.


Session 2 : 13h30 – 15h00
Créer et prendre position,
artiste invitée Claire Glorieux


Quel qu’en soit l’enjeu, social, politique, esthétique…, toute action de création est une prise de distance de la réalité, une manipulation de sa représentation et de sa documentation. Rendre visible un pan du réel, donner la parole, offrir un temps de regard : autant de gestes artistiques qui se confrontent au monde tout en créant des expériences sensibles. En s’exprimant pour un public qu’il ne peut déterminer, l’artiste affronte sans retour les représentations et les habitudes des individus qui le composent.


Session 3 : 15h30 – 17h00
Territoires oubliés, artiste invitée Noëlle Pujol


Réels ou imaginaires, les territoires constituent l’espace nécessaire et délimité aussi bien du rêve que de l’action, créant l’idée d’un ailleurs, d’un autre dont nous nous protégeons ou que nous affrontons quotidiennement.


Session 4 : 17h30 – 19h00
L’image trafiquée, artistes invités Pascal Lièvre et Mihai Grecu

L’image a toujours fasciné au point de lui attribuer relation ou correspondance aux choses. Même quand il se laisse abuser par l’image, l’homme sait qu’elle n’est qu’un agencement dont le pouvoir dépend de son producteur comme de son spectateur.


Remerciements

Cette manifestation n’aurait pu voir le jour sans le soutien de la Présidence de l’Université Paris-Est Créteil et de la direction de l’IUFM de l’académie de Créteil, sans l’aide du SECASC, du Service Culture & Vie de l’étudiant, des Services Communication, Patrimoine & Maintenance immobilière de l’UPEC, des Service Communication, Audiovisuel et Informatique, du Secrétariat des chargés de mission de l’IUFM.

Ce festival a été conçu en partenariat avec le Centquatre, le Centre photographique d’Île-de-France, Lacritique.org, la DAAC de Créteil, le Frac Île-de-France / Le Plateau / L’antenne, le Jeu de paume, la MAC de Créteil, le Mac/Val, et plus particulièrement avec les services des publics et les services pédagogiques de ces structures ainsi que le professeur relais DAAC du Centre Georges Pompidou. Il est soutenu par la MGEN, la MAIF, la Casden-BP.


Réalisation Mathilde Roman, Jean-Marie Baldner, Laurent Bastide. Graphisme et composition : Christian Baillard et Jean-Marie Baldner




Pour plus d'informations sur la programmation de vidéos :

http://www.u-pec.fr/adulte-en-reprise-d-etudes/actualites/video-val-le-festival-video-de-l-upec-363664.kjsp?RH=1264067431535