mardi, octobre 28, 2008

Le sac à main


Photo Yannick Vigouroux,
« Boulevard de Reuilly, 11 oct. 08, 21 h »
(Sony Cybershot
)






J’ai trouvé un sac main. Après la première journée de brocante annuelle, dans mon boulevard à Paris, le sac en cuir marron avait été condamné au rebuts. 21 h 00. Ce qui m’a intrigué, ce n’est pas temps la qualité du cuir et la taille plutôt grande du sac ; non, ce qui m’a intrigué, c’est que la fermeture-éclair était bien fermée jusqu’au bout fermé…

Quels secrets ce sac pouvait t-il renfermer ? Un type me lorgna, suspicieux, lorsque je collectais très légalement mon trésor improbable (ignorant tout du contenu !).

Je ne l’ai ouvert que le lendemain matin , après, toute la nuit, perturbé par cette idée, avoir dormi d'un sommeil agité :que contenait ce sac, même la révélation la plus infime de la vie privée de cette femme privée volontairement ou non (femme décédée, volée…).

Rien hormis différents modèles d’enveloppes vierges ; puis une odeur persistante de tabac qui n’aurait pas été de mon goût si ce sac n’avait pas été trouvé, et possédé par conséquent son parfum de mystère…

mercredi, octobre 15, 2008

Une capture d'écran de télévision qui ressemblerait à un daguerréotype...


Photo Yannick Vigouroux,
« Blue Still-Movie, oct. 2008 »




Issue de ma nouvelle série, « Blue still-movies », l'une de mes saisies d'écran, comme surgie hors du temps, mélange improbable de technologie numérique du futur et des techniques des primitifs de la photographie, ressemble étrangement à un daguerréotype : l'image moirée m'évoque la surface métallisée, l'image miroir de ce procédé ; évidemment la couleur bleue évoque l'eau, ce reflet liquide dans lequel Narcisse se noie.

lundi, octobre 06, 2008

Jean Rivet, « Ce qui existe un instant existe pour toujours », 1987


Photo Yannick Vigouroux, « Window # 1024, Paris, 1 oct. 2008 »





Le jugement que porte le poète Jean Rivet sur la photographie est a priori plutôt sévère :

« Vous brassez vos photos, vous en prenez six comme à une loterie. Vous choisissez l’heure, vous dites à votre femme de se dévêtir, vous soufflez sur l’éphéméride, vous calculez le retard de l’horloge, vous aimez provisoirement le mot absent et vous fixez une à une vos photos sur chaque face d’un cube de matière plastique transparent : vous laissez mijoter dans temps et vous gardez pour faire des conserves à souvenir. »

(Ce qui existe un instant existe pour toujours, 1987)


« Aimer le mot absent » (souvent j’ai fait des images parce que, justement, je ne trouvais pas le mot ou l’expression qui convenait à ce que je voulais exprimer : « aimer le mot absent » quelle belle expression !) ; des photos contenues dans un cube où l’idée d’une mémoire mosaïquée… ; des « conserves à souvenir », l’expression me fait aussi penser aux boîtes de conserve percées qu’utilisent, notamment, les membres du collectif Oscura, en guise de sténopés. Décidément, malgré elle, une telle réflexion, est vraiment encourageante, pour un photographe. Enfin un photographe qui aiment investir des pratiques d’amateurs, les détourner de leur usage habituel.