mardi, décembre 21, 2010

Pourquoi collectionner une mémoire anonyme ? (22) : presque rien... et tout à la fois ?



Anonyme
Tirage argentique 6,4 x 9 cm
(Coll. Yannick Vigouroux)




Une nape striée de rayures verticales remplit le cadre, surmontée d'un objet minuscule et dérisoire qui ressemble à un vase, un pichet, qui sait ?...

Une photo « ratée » donc, mais frôlant l'idée d'une abstraction qui serait assumée et des plus radicales... Certes, l'on n'est pas dans l'art contemporain, l'on est face à l'une de ces images d'amateur inabouties mais conservée quand même, l'on ignore pourquoi...

Reste que la radicalité du cadrage et le minimalisme du sujet me séduisent. Du vide et du plein. C'est presque rien... et tout à la fois.

Pourquoi collectionner une mémoire anonyme ? (21 ) : « être né avec une cuillère d'argent dans la bouche »

Anonyme, [homme tenant une cuillère dans sa bouche]

Tirage argentique 4,5 x 6 cm
(coll. Yannick Vigouroux)

 

 

 « Être né avec une cuillère d'argent dans la bouche » : dans ce micro exercice d'équilibriste, l'homme facétieux s'amuse-t-il à illustrer littéralement cette expression ? Il se livre en tout cas à l'une de de ces « récréations  photographiques » (pour paraphraser Clément Chéroux) qui abondent dans la photographie amateure, pour le plus grand plaisir du collectionneur...

dimanche, décembre 19, 2010

Pourquoi collectionner un mémoire anonyme ? (20) : « ça y est, l'oiseau est sorti... »


Anonyme, « ça y est, l'oiseau est sorti... »,
France, années 1950
Tirage argentique 7 x 11,4 cm
(Coll. Yannick Vigouroux)




Au dos du tirage dentelé si caractéristique des années 1950, la famille a inscrit, après avoir posé sur un banc, ce commentaire : « ça y est, le petit oiseau est sorti ! », et les regards hors cadre des protagonistes semblent le confirmer... L'expression ludique et consacrée, si souvent employée aux débuts de la photographie, est ici déclinée, « validée » litéralement dans cette scène pleine de légèreté et de douceur. Qu'elle que soit la pratique, sa finalité, l'humour est rare en photographie... Mais ici le coeur et l'esprit s'envolent, enfin, dans un hors-champ souriant et si réconfortant...

jeudi, décembre 09, 2010

Pourquoi collectionner une mémoire anonyme ? (19) : photographie et néoréalisme



Anonyme, [Sicile, Palerme (?), 22 juillet 1944 ?]
Tirage argentique
(Coll. Yannick Vigouroux)




Cette photographie anonyme, chinée en juin dernier dans une brocante en Sicile, a probablement été réalisée en 1944 lors de la Libération de Palerme par les Américains. Elle est donc contemporaine des débuts de la production personnelle de Roberto Rossellini (en 1943, il travaillait déjà sur Rome, Ville ouverte, film sorti en 1945), l'une des figures de proue du néoréalisme... J'aime beaucoup cette image parce que j'y retrouve le même esthétique spontanée, la même fluidité dans le cadrage et le même réalisme documentaire.

mercredi, décembre 08, 2010

Pourquoi collectionner une mémoire anonyme ? (18) : coucher de soleil à Juan-les-Pins, 1957


Anonyme, 
« Juan-les-Pins, 30 août 1957 »,
tirage argentique 7 x 11,4 cm
(Coll. Yannick Vigouroux)




Lumière crépusculaire, une scène de bords de mer d'une grande douceur, sur la côte d'azur. Un homme et son fils assistent au coucher du soleil. C'est l'heure où le monde s'apaise, se replie sur son silence nocturne, où toute inquiétude semble balayée les vagues et le jour qui reflue...

dimanche, décembre 05, 2010

Pourquoi collectionner une mémoire anonyme ? (17) : le garçon jouant avec un bâton, septembre 1906


Anonyme, "septembre 1906"
Tirage argentique viré 8 x 11,5 cm
(Coll. Yannick Vigouroux)




Une légère plongée, l'adulte qui photographie, et dont on devine l'ombre du visage, est beaucoup plus grand que l'enfant jouant avec une épée ou un bâton, nous tournant le dos. C'est beau et audacieux, en tout cas contraire aux conventions picturales qui prévalaient avant invention de la photographie et la naissance de l'Impressionnisme. La prise de vue, qui date de septembre 1907, (comme cela est inscrit à l'encre en lettres élégament déliées au dos du tirage) évoque beaucoup les parti pris de « cadrage » de peintres nabis tels que Bonnard et Vuillard (qui eux-même pratiquaient beaucoup la photo avec une Box Kodak), et justement, elle est pratiquement contemporaine des activités du groupe (1888-1900).