vendredi, janvier 21, 2011

De la toile du Net à la toile d'araignée, la photographie télépathique selon Steven Lumière Moussala













Le photographe franco-congolais Steven Lumière Moussala a décidé d'aborder de manière aussi frontale que paradoxalement biaisée la question de la relation à autrui, en recourant à « Skype ». Les technologies dites « nouvelles » ont, en quelques années seulement, bouleversé nos repères spatiaux et temporels. Le logiciel utilisé permet en effet de communiquer gratuitement avec des personnes qui résident parfois à l'autre bout du monde (une nécessité pour ce jeune homme dont la famille vit en Afrique noire, alors qu'il étudie actuellement à Rennes), grâce à une webcam et à un casque équipé d'un micro. Le visage figé sur l'écran, si « présent », « vivant », semble en même étrangement désincarné et éloigné. Le résultat est troublant. Le son a disparu. Des échanges entre les internautes il ne subsiste que ces surprenants fragments visuels, muets et parfois dégradés, que le jeune homme retient dans les mailles serrées de pixels normalement éphémères. Quand la « toile du net » devient « toile d'araignée »...




« La toile d'araignée, ou la photographie télépathique

En somme photographier sur Skype, c'est rendre visite à une personne dans le temps et dans l'espace. C'est comme traverser une frontière invisible afin de saisir, capter l'univers de chacun, son tempérament...

J'ai eu envie d'entrer en contact avec mon regard, comme si je pouvais littéralement les toucher, mes relations, dans le milieu où elles vivent, m'inspirant ainsi de Nan Goldin qui prend en photo son entourage et réalise une chronique contemporaine. Réaliser les photos sur Skype, c'est rentrer en connexion avec le monde de chacun. Car, selon moi, il n'existe pas UN MONDE mais des MONDES.

Saisir des instants flous, c'est aussi rendre compte du temps qui passe et nous rattrape toujours.

Faire des photographies sans tambours ni bruits, c'est raconter le visible sans être vu.

L'intérêt de ces images réside avant tout dans le fait quelles proviennent de lieux géographiques très différents et souvent très éloignés : Rennes, Nîmes, Paris, Brazzaville, Dakar, Amsterdam, Bamako... Ce travail est un journal intime, qui est le mien et fixe en même temps l'espace de chacun, dans un rêve communautaire, relationnel, qui se veut une toile d'araignée. Une toile d'araignée amicale bien sûr. »

( Steven Lumière Moussala)

2 commentaires:

Lumière Moussala a dit…

Merci Yannick pour ce travail qui me touche et me passionne beaucoup par son ouverture vers le territoire de l'autre.

Vigouroux a dit…

De rien mon ami ! j'ai écrit cela simplement et avec enthousiasme, il est fondamental de se poser la question de la relation - tansformée, pour le pire et meilleur, par les "nouvelles technologies" - et tu 'interroges bien...