lundi, septembre 25, 2006

Pompéi


(Pompéi, 2003. Photos Yannick Vigouroux)

J’ai abordé Pompéi comme un théâtre d’ombres mentales, une construction fantasmatique. Paradoxalement, c’est la destruction de la ville qui a sauvé celle-ci de l’oubli. Les laves du Vésuve l’ont embaumée ; elle est en elle-même une vaste momie comme les moulages des corps contorsionnés tentant en vain de se protéger des fumées asphyxiantes. Mais des moulages en creux, car c’est dans le vide laissés dans le sol par les corps que les archéologues coulent du plâtre pour sauver les fantômes des corps. Pratique troublante de révélation d’une présence par son absence, remarquablement évoquée par Roberto Rossellini à la fin du Voyage en Italie (1954).

Dans une série de cartes postales vendues à la sortie du site, la légende italienne d’une photo, « Calchi di fuggiaschi in un orto », est traduite dans un français très approximatif par « Calques de fugitifs dans un jardin ». J’ai justement retrouvé, du fait du coup de flash mal synchronisé au temps de pause, ce « calque » humain, cette transparence fantomatique – certaines personnes apparaissent deux fois, se dédoublent – dans certaines photos de rue prises à Naples avec mon appareil Holga…

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