L’idée, jamais mise en pratique, nous était alors venu, dans ce magnifique jardin donnant sur la mer, où deux jeunes amoureux contemplaient, enlacés, le point de vue le plus célèbre de l’île, d’interroger des personnes sur leur rapports à leurs photos souvenirs. Celles qu’ils ont prises ou n’ont pu prendre (faute de recul, de temps ou de pellicule – et désormais avec le numérique, de batterie ou de mémoire sur la carte – etc.) ou aimeraient réaliser : peut-être celles qui existent ne sont-elles pas les plus importantes finalement ?… Pourquoi toujours charger son appareil d’une pellicule et ne pas photographier à vide pour mieux faire travailler son imagination et peaufiner les imperfections du souvenir ? Le tirage est il est vrai un formidable fétiche bidimensionnel, un support fantasmatique qui adhère au réel autant qu’il le déforme. Il génère autant de satisfaction que d’angoisse…
Mais en déclarant que « mes photos n’étaient pas des photos souvenirs », j’avais tort, j’en suis conscient aujourd’hui. Elles le sont toutes en réalité, et ma conviction à ce sujet n’a été que fortifiée par le classement et le tri, ces dernières semaines, de mes dix années de production passée. Ce sont la plupart du temps des « Littoralités » (photos de littoraux et zones portuaires) prises à l’occasion de voyages accomplis avec Anne-Marie – c’est elle qui m’a initié à cette notion de voyage qui m’était complètement étrangère, je ne connaissais que la notion de vacances, ce qui n’est pas tout à fait ni même du tout la même chose ! Ces paysages sont tous, malgré moi, des fragments d’un journal intime, bien qu’il ne s’agisse pas de mon intention première…
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