Je travaillais avec Constance, face à l’écran high-tech de l’ordinateur de son hôtel, sur le projet d’exposition Foto Povera 5 à Atlanta, lorsqu’elle me désigna cet objet aussi ordinaire qu’insolite, que j’avais moi aussi remarqué, dès mon arrivée dans la pièce : une boîte de Coca-Cola cabossée. Visuellement, le craquement familier du métal sous les doigts, semblait perceptible, comme une équivalence évidente.
Mais ce que l’on percevait au premier coup d’œil, ce n’était pas cela, c’était plutôt, dans sa niche, posé sur un socle, un objet rouge et arty magnifié par les éclairages et la semi-obscurité. Presque une œuvre d’art. Sans flash (« réussi » me disais-je), puis avec flash (« raté » constatais-je), j’ai photographié l’objet abandonné et magnifié à la fois. La banalité sublimée ?
Photos Yannick Vigouroux,
« La boîte de Coca-Cola, Paris, janv. 2008 »
(Sony Cybershot)
« La boîte de Coca-Cola, Paris, janv. 2008 »
(Sony Cybershot)
Je songeais aux membres du collectif Oscura qui utilisent, au Mali notamment, ces stéréotypes de la société de consommation transformé en sténopés. Constance m’avait parlé, quelques minutes plus tôt, de la cérémonie d’investiture de Barak Obama à laquelle elle avait assisté la veille, à Washington DC, et dont elle m’avait offert quelques produits dérivés (pins et stylos commémoratifs).
J’ai aussi pensé aux badges carrés de Christophe Mauberret réalisés à l’occasion de Foto Povera 4 (série « Voigtland ») et à son texte sur l’utilisation de la couleur orange par le Modem dans la dernière campagne présidentielle française, aux détournements dadaïstes, situationnistes ou punks, des symboles, à la fascination ambiguë que l’on ressent face à eux. Dans ma tête, défilent, alors que j’écris, quantité de signes d’appartenance (et de différenciation) que l’on peut tant, même si l’on se sent secrètement un peu honteux, d’idolâtrer ces fétiches. Ou qui au contraire nous inspirent de la suspicion, voire du dégoût et de la haine, même si l’on se sent, tout aussi secrètement, attirés par eux.
http://www.theopalgallery.com/
L’inauguration de Foto Povera 5 à l’Opal Gallery d’Atlanta est prévue pour la fin mai 2009.
2 commentaires:
J’aime bien votre blog et votre sensibilité, bonne continuation
merci !
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