lundi, mai 19, 2008

« Le Dernier Tango à Paris » de Bernardo Bertolucci (1972)

Photo Yannick Vigouroux,
« Galet photographique # 115, 2008
[Maria Schneider dans Le Dernier Tango à Paris
de Bernardo Bertolucci (1972)] »



Ce film mythique, jugé « sulfureux », qui fit scandale lors de sa sortie, fait partie de mes films préférés. Non pas seulement parce que la belle et jeune Maria Schneider est terriblement sexy dans ses grandes bottes en cuir marron ; pas seulement parce que Marlon Brandon, ayant dépassé l'âge mûr, veuf américain totalement désabusé sinon désespéré et nihiliste, s'égare volontairement dans le Paris du début des années 1970 - ville qui lui est à la fois familière et étrangère - est encore beau, séduisant, mais vieillissant à la fois (selon moi l'un de ses meilleurs rôles), émouvant dans son « jeu / non-jeu » éraillé et monolithique...


Non, la raison majeure, à la réflexion, après avoir vu et revu des dizaines de fois ce film en DVD, c'est aussi et surtout que Bernardo Bertolucci fait preuve d' un sens brillant du découpage des plans, un sens de l'opposition entre les rectangles d'ombre et ceux du lumière, rarement égalée, qu'il s'agisse de l'appartement où vit son personnage en travaux, où du café où évolue l'actrice.


Notons aussi que le téléphone est fixe à l'époque et fixe littéralement l'acteur dans l'espace où il se retrouve immobilisé, attaché à ce cordon ombilical sonore. Depuis les années 1990, et l'apparition du téléphone mobile, et surtout le téléphone cellulaire, le travail des romanciers, des scénaristes, le langage cinématographique a dû évoluer...


On ne peut plus désormais glisser une pièce de monnaie dans une cabine spécifique, hermétiquement close, qui passa de l'espace intérieur à l'espace extérieur dans le années 1980, jadis aux PTT (j'ai connu cela enfant à la Poste centrale de Caen) en France, ou dans un café isolé, après avoir fermé la porte de l'isoloir... Des plans récurrents jusqu'à une date récentes et révolus.


Ce « Galet photographique », distordu comme une image mentale, un souvenir, est un hommage à cela : un constat subjectif de ces mutations.

« La Jeune femme en noir » (nouveau diptyque)


























Photo Yannick Vigouroux,
« La Jeune Femme en noir, avril 2008 »
(Polaroïd i733)



Variante de « La Jeune Femme à l'imperméable blanc » photographié à la même époque sur le quai de la gare de Saint-Quentin-en-Yvelines, ce nouveau diptyque est pour moi une manière de revendiquer, et tout simplement de rappeler, notre perception fragmentaire des choses et des gens.


Sur l'écran de mon appareil numérique, le monde me semble en perpétuelle construction et déconstruction, tel un puzzle mouvant, lacunaire. Cet inachèvement, ces lacunes qui, enfant, me mettaient tellement mal à l'aise sont devenues pour le photographe adulte de formidable interstices pour une multitude de spéculations fictionnelles, un formidable moteur pour mon imagination...



mardi, mai 13, 2008

La lumière est un linceul


Photos Yannick Vigouroux,
« Windows # 882 et 883, Paris, 12 avril 2008 »
(Polaroïd i733)



Il fait si beau aujourd'hui
sur Paris engourdi
dans la rue
les gens sourient
ils semblent heureux

mais pour moi
qui suis seul
la lumière n'est plus
qu'un linceul trop blanc
qui voile mon regard

lundi, mai 05, 2008

Un sommeil dépourvu d'images (fondu électronique au blanc...)

Photo Yannick Vigouroux,
« Sans titre [TV], 2008 »
(Polaroïd i733)



« [...] elle s'endort profondément dans un sommeil opaque et dépourvu d'images. »

(Lucía Etxebarria, Cosmofobia, 2007 )


Cette phrase me fascine, à l'image de mon écran de télévision tremblé et fondu au blanc, lumière froide aspirante, photographiée récemment, lors d'une nuit d'insomnie : une parenthèse visuelle désenchantée. Un gouffre carré mais sans fond, à l'image de ce blog qui s'interrompt quelques temps (sur la télécommande j'aurais appuyé sur « PAUSE » ou « STOP » en attendant l'hypothétique «REPLAY»...).