© Photo Ons Abid
Ons Abid se passionne pour la photographie dès l’âge de onze ans. L'adolescente effrayée par l’idée de la mort aborde d'emblée la photographie, ce moyen d'expression qui signifie, ethymologiquement : « écrire avec la lumière », à la manière de Jacques-Henri Lartigue ou de Marcel Proust en littérature, comme le seul rempart possible à ses angoisses.
C'est bien en effet pour elle le moyen idéal de sauver ce qui est périssable : la jeune femme utilise son boîtier certes comme un formidable instrument de témoignage, mais surtout un moyen de sauvegarder la mémoire de ce qui est par nature éphémère, tous ces précieux et fragiles instants vécus, qu'il faut à tout prix préserver.
Rien d'étonnant donc à ce que ses deux premières expositions abordent frontalement la question de l’Identité.
© Photo Ons Abid, « Rainnig Instanbul », 2009
Dans la première exposition, intitulée « Figures de la Médina de Sfax » (2006), l'artiste avait souhaité « rendre hommage à tous ces vieux qui travaillent dans la Médina de Sfax, et qui, frappés de plein fouet par la vague de la migration, ont su résister à ce phénomène de société. »
La même année, avec sa seconde exposition personnelle, « Mémoire enfumée », Ons Abid a rendu hommage à la maison familiale accidentellement incendiée. Une mémoire calcinée, dont il ne subsistait que des résidus (télévision, objets de valeur, photos de famille...) devenus sans valeur, sans qualité, auxquels elle était si attachée pendant son enfance.
Le portrait occupe une place importante dans une pratique qu'elle définit comme « moment plein de partage et d’échange entre le photographe et la personne photographiée ». Il s'agit avant tout de capter cet instant où le sujet et le photographe consentent à cette belle fragilité consentie, où l'un comme l'autre prennent conscience, et acceptent leur force et leur faiblesse.
La force des images réside dans cet avoue visuel, l'évidence de cette intimité mise à nue, après avoir fait tomber les habits de l'image publique, des conventions sociales.
La question de l'Identité qui constitue, depuis le début des années 2000, l’orientation majeure de son travail, conduit de plus en plus Ons Abid à enregistrer et décrypter les codes sociaux d’une société en constante évolution, qu'il s'agisse du Magrehb, de la France ou de la Turquie.
La photographie, si liée à l’idée de la mort, embaume un réel qu'elle ne fait pas qu'enregistrer, mais transfigure, transmets, avec une si précise subjectivité aux générations futures.
Au-delà de sa fonction testimoniale, elle agit sur le présent, le devenir des humains... dans une perspective non dénuée, à la manière de Martin Parr, d'humour voire d'ironie mais toujours teintée de douceur, d'espoir et d'humanité, Ons Abid multiplie les portraits tendres et lucides de ses contemporains, comme autant d'autoportraits. Dans « Raining Instanbul », l'une des séries les plus récentes et les plus emblématiques, le grand angle, la couleur saturée, jouent plus que jamais un rôle important. Une question simple et fondamentale habite à l'évidence ses photos si colorées : à quoi bon photographier les autres... si on ne les aime pas ?
2 commentaires:
C'est avec un immense plaisir que j'ai lu l'article de Mr. Yannick Vigouroux sur la jeune ONS.
Ce jeune talent , je le connais très bien et Mr. Yannick a bien su dévoiler une bonne partie de sa personnalité.
Bon courage ONS et continue a nous épater.
HM
Ons a en effet beaucoup de talent, et je n'ai fait que commencer à le dévoiler... il y a bien d'autres photos à montrer, ce qui a été publié là n'est qu'un début.
Merci.
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