mardi, juillet 20, 2010

Les fenêtres intérieures (Milazzo)


Photo Yannick Vigouroux,
« Window # 1953, Hôtel California, Milazzo, juin 2010 »
(Canon Powershot)


La procession religieuse de Milazzo m'avait donc inspiré un vague sentiment d'inquiétude que j'analyserai plus tard comme proche de celui que ressent Ingrid Bergman au volant de sa voiture dans les rues de Naples, dans Le Voyage en Italie (1954), lorsqu'elle doit s'arrêter pour laisser passer un convoi funéraire.

La lumière diffuse, étouffée, entre chien et loup, l'atmosphère émouvante mais aussi pesante de ferveur populaire, l'odeur entêtante d'encens répandue de manière mécanique, la marche obstinée de cette colonne humaine qui ressemblait tant à celle d'une armée de spectres, tout cela contribuait à mon malaise. Mais Milazzo n'était après tout qu'un point d'encrage flottant, très provisoire, avant le départ vers le volcan mythique de Stromboli...

Je décidais d'aller me reposer dans ma chambre d'hôtel. Et c'est là, qu'allongé sur le lit, écoutant avec mon MP 3 la voix grave, éraillée, grésillante de Caruso, l'esprit flottant et le corps relâché, j'ai vécu à nouveau cette expérience de l'image photographique première : après que j'ai refermé en partie les volets, une image désignée par un rectangle lumineux s'imposa sur le mur, autour du miroir aveugle. Les bruits de la ville et de la procession n'étaient plus qu'une rumeur lointaine. Tout sentiment d'angoisse me sembla désamorcé.

1 commentaire:

For Your Eyes Only a dit…

Fabuleuse "foto" italiana!
Je ne connais que la gare et les quais pour aller, moi aussi à Stromboli, j'ai hâte d'y retourner!

Connaissez-vous les chiens de Bogotà par Alec Soth, "Dog Days"?


(Je verrai sans doute Catherine Merdy prochainement à Paris)

mm
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