mardi, avril 24, 2007

Pourquoi la série " KaleiDoscopiK " ? (photographier pour s'amuser...)

Photo Yannick Yigouroux.
Phare de Ouistreham, Normandie, 6 avril 2007

« [...] chacun est plutôt un kaléidoscope, aux formes et aux couleurs changeantes selon la personne qui la regarde et selon l'angle, quand bien même il conserve inchangés les éléments qui, ensemble, composent les dessins dont la vue divertit autrui ; ou bien un écran sur lequel nous projetons nos propre illusions [...] mais ce que nous voulons voir, car la matérialité n'est qu'une surface réfléchissante. »
(Lucía Etxebarria, Un miracle en équilibre, 2004.)

J'ai lu ces lignes quelques jours après m'être amusé avec un jouet en plastique et mon appareil numérique amateur. Sur l'objectif de ce dernier, j'avais placé un petit kaléidoscope en plastique, acheté il y a quelques années au rayon jeunesse d'une boutique se voulant, pour paraphraser Anne-Marie, « ludique et didactique ». Avant de l'offrir, deux jour plus tard à Alexis (5 ans).

Nombreux sont ceux qui croient percevoir seulement des images, de manière passive, alors que, les photographes le savent bien, nous élaborons aussi ces images – ironiquement déconstruites dans « KaleidosKop » – , ce que les enfants font de façon beaucoup plus spontanées que les adultes. Il est urgent je crois de prendre le temps de s'amuser. Et, entre autres, de s'amuser en photographiant...

Un sténopé post-impressionniste ? ("L'arbre en fleurs")

Photo Yannick Vigouroux.
"L'arbre en fleurs. Vers le Fort de St-Cyr, 23 avril 2007."
(Sténopé numérique / Digital Pinhole)


C'est le printemps et il fait très beau à Paris. Ebloui par la lumière, les arbres fruitiers en fleurs m'ont donné envie, en sortant du bureau hier soir, de rendre hommage aux Impressionnistes...

lundi, avril 23, 2007

"Selon une même et seule pulsation" (B. Plossu par Ch.-A. Boyer)


Charles-Arthur Boyer écrit dans l'un des derniers livres de Plossu:

« Et jamais comme chez Bernard Plossu la vie et la photographie n'auront été ainsi portées par le même rythme comme un seul et même battement ; autrement dit : éprouver le monde en partageant sa respiration, et le traduire en photographies – quelle empathie ! – selon une même et seule pulsation, la vie et la lumière donnant du souffle et de la nervosité à l'image et inversement. »

Extrait de Plossu / So Long, Vivre l'Ouest américain - 1970 / 1985, Frac Haute-Normandie / Yellow Now – Côté photo, 2007, p. 15.

Enfin un texte critique de qualité... Ce n'est pas si fréquent ! Tous les critiques devraient selon moi recourir à un style fluide et accessible au plus grand nombre, débarrassé des apparats douteux d'un hermétisme élitiste. Ici, dans un mimétisme respectueux voire admiratif, le texte vibre avec les images, « selon une même et seule pulsation » justement...

jeudi, avril 19, 2007

"Window # 16, avril 2007" (sténopé numérique)

Photo Yannick Vigouroux.
"Window # 16, avril 2007"
(sténopé numérique / Digital Pinhole)

Depuis quelques jours, je photographie chaque soir les fenêtres de mon appartement après la journée de travail (le plus souvent vers 18 h), avec le sténopé numérique que m'a prêté par Bruno.

Ma nouvelle « machine à poésie » (c'est ainsi que Nancy Rexroth désigne son Diana) enregistre les délicates circonvolutions de la rambarde en fer forgé ; de sombres lignes verticales ou horizontales structurent l'image - un peu à la manière de certaines toiles abstraites solidement charpentées (Cf. les toiles de Pierre Soulage ou de Hans Hartung). Je me suis dit hier, en cadrant au jugé, si fébrilement concentré et incertain du résultat, que les images obtenues ressemblaient aussi parfois à des encres de Chine, à des lavis.

La fenêtre est un motif inépuisable qui me fascine, comme elle a fasciné tant de peintres et de photographes avant moi...

mardi, avril 17, 2007

"Window # 10, avril 2007" (sténopé numérique)


Photo Yannick Vigouroux.
"Window # 10, avril 2007"
(sténopé numérique / Digital Pinhole)

Je poursuis depuis plusieurs semaines mes expérimentations avec un sténopé numérique. Les images que je produit me semblent plus que jamais fragiles, précaires... Comme si, à la limite de la lisibilité, en cours d'effacement autant que de formation, elles étaient incapables de se stabiliser.

jeudi, avril 12, 2007

Le cow-boy et les enfants masqués : pourquoi collectionner une mémoire anonyme ? (15)

Anonyme, [le garçon déguisé en cow-boy], France, c. 1950.
D'après un négatif 6x6 cm numérisé.
(coll. Bruno Debon)


La photo ressemble à un inédit de Diane Arbus ou de Ralph Eugène Meatyard. On y retrouve la même prédilection pour les masques.

Il s'agit en réalité d'une photo d'amateur, désormais anonyme...

Cette image est extraite de bandes de négatifs noir et blanc 120, chinée il y a quelques années par Bruno dans une brocante du sud de la France.

L'image date probablement des années qui suivirent la Seconde Guerre mondiale (entre 1945 et 1955 ?), comme le suggèrent, dans une autre vue, les structures de béton qui font vraissemblablement partie du Mur de l'Atlantique.

A l'occasion d'un carnaval, le gamin déguisé en cow-boy pose face à l'objectif, flanqué de son frère et de sa soeur, de voisins ou de camarades de classe. Il tente de s'incarner en héros de western, et l'on a envie d'y croire avec lui.

Comme Bruno, j'aurais aimé prendre cette photo... mais n'en suis-je pas d'une certaine manière l'auteur, certes secondaire, à l'instar de mon ami, en me réappropriant une telle image ? Devenue a priori «sans qualité », elle est d'une telle qualité artistique que, j'aime l'imaginer, Arbus et Meatyard auraient peut-être aimé eux aussi en être les auteurs ?...

mercredi, avril 11, 2007

Self-Eye


Photo Yannick Vigouroux. "Self-Eye, Paris, 4 déc 2005"


Mes yeux sont bleus : l'on m'a souvent dit que c'est ce que l'on remarque d'abord chez moi. Et le fait qu'ils sont très clairs, au point parfois de faire un peu peur... Je suis conscient aussi que mes longs cils ont quelque chose de féminin. Ces caractéristiques m'ont donné envie de photographier mes yeux. Ce qu'avait déjà fait Caroline Bach il y a quelques années, dans le cadre d'une de ses « collections ».

Je m'observe donc. Me scrute, à l'aveuglette, tenant dans la main droite mon appareil numérique. Je cadre approximativement cet oeil qui ne peut viser. Mon oeil est intériorisé ; il ne fait plus qu'un avec mon cerveau, mon intention tâtonnante, malhabile. Je déclenche plusieurs fois. Le point doit être net. Après plusieurs essais infructueux, j'obtiens enfin l'image, celle que je souhaitais. Comme le Polaroïd, l'écran LCD permet ceci de magique : la révélation immédiate de la photo.

A présent mon oeil détaille son image : une fente de chair s'ouvre sur des paupières qui enveloppent ce globe si familier et mystérieux, aux transparences et aux opacités indécises. Un oeil qui serait à lui seul un microcosme, renfermerait d'innombrables, minuscules paysages mentaux et intimes. Dans le liquide aqueux, aux micas changeants, tout deviendrait, passé par ce filtre optique, bleuté, courbe et distordu.... Est-ce ainsi que je vois le monde ?

Je suis intrigué. Pourquoi, dans ce gros plan, cet oeil qui est le mien - que je ne peux jamais voir sans l'entremise d'un miroir ou d'un appareil-photo -, me semble-t-il si proche et si lointain ? J'ai l'impression que mon oeil s'absorbe en lui-même, s'enfonce dans des profondeurs azurées et abyssales. Et, qu'en même temps, il résiste à ce mouvement, tente de maintenir les images à la surface, de refléter celles du monde extérieur.




mercredi, avril 04, 2007

Brassaï

" Pour moi, la photographie doit suggérer plutôt qu'insister ou expliquer. "
(Brassaï, cité par J-C. Gautrand dans "Conversations avec Brassaï", Photo-revue, fév. 1974)