samedi, juin 19, 2010

Des avantages et des inconvénients des petits et grands hôtels (arrivée à Palerme)

Photo Yannick Vigouroux,
« Autoportrait, Hôtel Milano, Syracuse, 5 juin 2010 »
(Canon Powershot)


28 mai 2010, 23 h 00 Hotel Corte, Palermo. Après un long voyage en bus – proche de la station balnéaire de Mondello, l'aéroport de Palerme est très excentré par rapport à la ville – arrivée à notre hôtel qui donne sur une rue bruyante, au coeur du Mercato di Ballaró. Quartier populaire et branché. Les Noirs, les Pakistanais et les étudiants écoutent de la musique techno à fond, en sirotant de la Moretti. Grâce à eux, je retrouverai le lendemain matin, à ma grande surprise, le goût de la photo de rue, qu'il est devenu quasiment impossible de pratiquer à Paris, tant les passants et les forces de l'ordre sont devenus paranoïaques !

Je découvre notre petit balcon, qui ouvre sur une architecture totalement effondrée, où je passerai beaucoup de temps à photographier les minuscules passants du marché qui, écrasés par la plongée, fixés à leurs ombres portées si découpées, me feront penser aux basculos de mon enfance. Je les nommerai « pupi siciliani », sans mépris aucun, mais comme clin d'oeil à cette fascinante tradition sicilienne des marionnettes recouvertes d'armures qui, mêlées à l'art des conteurs, dès le Moyen-Age, narraient les exploits des chevaliers. J'en ai acquis une de petite taille qui est désormais suspendu à ma bibliothèque.

J'aime tant ces hôtels économiques, ces lieux transitoires simples mais confortables où il est si bon de s'abstraire de sa vie... et de se retrouver. Surtout à l'étranger.

Une parenthèse régénérante, toujours, pour moi. Il m'est si agréable de m'abstraire de ma vie... et d'ainsi me retrouver.

Un seul hic à Palerme. Je découvre que les douches et les toilettes sont collectives, ce qui curieusement me gène plus que d'habitude.

Coïncidence amusante, je découvre en relisant Dino Buzzati que cette question l'obsédait. Dans le recueil que m'a prêté Anne-Marie (Nous sommes au regret de... / Siamo spiacenti di, 1975) pas moins de trois textes sont consacrés à cette question !

Dans « Le couloir du grand hôtel » la gêne que j'évoque a des implications aussi démesurées qu'absurdes... A contrario, l'écrivain décrit ailleurs « La maison idéale » : les pièces minuscules sont peu décorées et miniscules, à l'exception des WC qui mesurent au moins 40 mètres carrés, et où règne un « luxe efferéné ». « Il est facile de supporter la misère lorsque l'on peut chier en grand seigneur » conclut Buzatti qui semble n'avoir pas toujours bien vécu la fréquentation des hôtels.

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