Photos Yannick Vigouroux,
« Vers Trapani, Sicile, juin 2010 » (Agfa Click 1, box 6x9)
Je lis les dernières ligne du livre de Pasolini, qui décrit ainsi la dernière station balnéaire italienne de l'Adriatique, avant la frontière yougoslave : « Sur les pauvres voix, la pauvre petite plage, l'orage jette une ombre légère, blanchâtre. Ici finit l'Italie, ici finit l'été. »
Est-ce que moi, aussi, je me dirige vers la fin de quelque chose ? : l'une des extrémités de l'île (Trapani est une péninsule), de moi-même ? Ce « silencieux effondrement », « en moi », et « en dehors de moi », sur l'une ces plages tant rêvées, idéalisées..
En voiture, nous longeons des grèves irréelles, celle de la route du sel et de ses moulins, et je pense aussi à ce vers de Rimbaud qui m'a toujours donné le vertige : « … ce ne peut être que la fin du monde, en avançant ».
L'automobile dévore le bitume, et je me sens heureux d'avaler ainsi des kilomètres, de vivre cette progression mécanique, machinale – je n'ai pas conduit de voiture depuis deux ou trois ans, normalement je n'aime pas conduire, mais cette fois j'aime cela.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire