Je relis, encore, Francis Ponge :
« Le galet n'est pas une chose facile à bien définir.
Si l'on se contente d'une simple description l'on peut dire d'abord que c'est une forme ou un état de la pierre entre le rocher et le caillou.
Mais ce propos déjà implique de la pierre une notion qui doit être justifiée. Qu'on ne me reproche pas en cette matière de remonter plus loin que le déluge. [...] »
(« Le Galet », Le Parti pris des choses, 1942)
Mes « rochers » ou « cailloux », ou « galets », tels qu'ils sont explicitement nommés dans ma série, en référence aux « galets de verre », ne sont pas opaques du tout, mais plutôt translucides. Il y a des transparences indécises, qui se dispute leurs transparence aux opacités mosaïquées, incapable de se figer, inscrire dans le marbre noir de l'éternité. Des « Galets photographiques » innervés, brouillés et parfois, paradoxalement clarifiés par nombre de taches parasites... Concentrés sur eux-mêmes jusqu'à la distorsion compulsive – et libératoire, salutaire ?...
Ouvrir le champ de l'imagination, toujours. Et parfois il faut d'abord le restreindre pour qu'il s'ouvre soudain, simplement, comme « L' Huître » de Francis Ponge... vers des cieux glauques, incertains, indécis, mais de toute façon ouverts et illimités, jusqu'au vertige. Des sens. Du trouble photographique.
Des « Galets » parfois crispés, comprimés, dans un mouvement involutif et dur, comme une main éprouvant pour elle-même sa force de tension interne...
Ce mouvement introspectif, concentré sur lui-même, menace sans cesse d'imploser, ou d'exploser vers les contrées, hors-cadre (photo) ou hors-champ (cinéma) de nos fantasmes intimes enfin re-stimulés, réactivés.
Je ne me lasse pas de ces « Galets »... j'ai envie de les accumuler, de les semer (dans l'espoir de métamorphoses inttendues), de les égrenner derrière moi. De manière compulsive [quelle douce compulsion ! ], les reproduire, les transformer, les distordre... A l'infini.
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