J'en rêvais depuis plusieurs années : faire de la photo numérique sans optique. Comme Marc Donnadieu, l'un de mes complices du collectif Foto Povera, j'avais multiplié pendant un temps les prises de vue au téléphone mobile. Il fut même question avec un éditeur d'un projet de livre sur ce que je nommais la « photomobilie artistique », telle que la pratique Marc. Mais la technologie progressant beaucoup plus vite que mes expérimentations visuelles, et dans une direction radicalement opposée (obéissant à cette sempiternelle quête de la netteté, fantasme techniciste pour lequel j'éprouve une forte défiance...). La définition des images était en effet devenue de trop grande qualité. Et moi, j'avais envie de photos fortement pixellisées!
Pour plaisanter (mais était-ce seulement une plaisanterie ?), j'ai souvent confié à mes proches que mon boîtier idéal serait une box... dotée d'un dos numérique.
Il y a quelques semaines, un capuchon en plastique de boîte de pellicule 135, percé d'un trou d'épingle, a remplacé l'optique cassée d'un compact Sony Cybershot.
Réalisées avec cet appareil-photo accidenté, mutilé de son zoom, mes premières prises de vue montrent, à travers les fenêtres, la forêt et les bâtiments du Fort de St-Cyr où je travaille. J'ai aussi réalisé un autoportrait de profil. En ce début de mois de mars, une belle lumière hivernale zébrait le gazon de fragiles et mouvants rais de lumière. Sur l'écran LCD, les images flottantes me faisaient penser à un frémissement coloré, une effervescence d'images mentales...
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